CAROLINE CHOPIN sculptrice née en 1970 / Lille
Avant de pratiquer la sculpture, Caroline Chopin l’a d’abord étudiée. Titulaire d’un D.E.A en Histoire de l’Art, c’est au travers de rencontres artistiques, qu’elle se forme à cette discipline. Comme elle le raconte, ce sont les rencontres, durant les années 90 avec Claude Lhoste (sculpteur) et Michel Dauberville (galeriste), qui furent décisives au début de son aventure artistique. Leur soutien, leurs conseils et la transmission de leur passion pour la sculpture ont marqué l’artiste. Au début de son parcours, Caroline Chopin découvre, apprend en reproduisant le corps anatomique d’abord par le dessin ensuite par le modelage et le moulage à l’ancienne. Elle fréquente à l’atelier du peintre Stefan Veljkovic et du sculpteur Armand Debève. C’est en 2001 qu’elle se vouera uniquement à la sculpture.
Artiste de l’entier et des formes pleines, la sculptrice travaille d’abord et surtout l’argile, le plâtre puis le grès cérame et enfin la porcelaine, passant ainsi de la rudesse d’une matière à la délicatesse de l’autre. Chaque médium donne naissance à une expression différente qui est traitée durant une période spécifique puis regroupée sous une même appellation, les plâtres issus des terres modelées constituent la période « Plénitudes », de hiératiques « Déesses séraphiques » correspondent à la découverte du grès cérame tandis que « Morphogénèses » puis "Morphismes"expriment avec le même matériau une période de lâcher prise où des formes organiques se mêlent dans un flot tumultueux, enfin les créations nées du travail de la porcelaine font partie du cycle « Energumènes ». Nourrie par l’enseignement qu’elle dispense à ses étudiants où la forme figurative à la part belle, elle signe avec sa dernière série « Morphismes » un retour à l’humain et ajoute à son vocabulaire formel, tout en jouant la disproportion, une des parties les plus expressives du corps : les mains.
Caroline Chopin sculpte de façon spontanée, sans travail préparatoire, ce sont ses gestes, le contact avec la terre, le mouvement instinctif qui l’amène vers la création, puis les formes s’imbriquent, des volumes en surgissent et l’harmonisation des formes mène à la naissance de l’œuvre.
Son travail est à la fois l’histoire d’une rencontre avec la matière, tout comme l’histoire de rencontres humaines. Ainsi la collaboration avec François Boucq, dessinateur lillois, en 2010 dans le cadre du projet « Fallas » de Lille 2004 donne une nouvelle dimension au travail de l’artiste, une expression plus brute et vivante, c’est le cycle « Morphismes » qui marque une rupture avec les deux périodes précédentes empreintes de rondeurs rassurantes et d’élévations aériennes.
A la fois réelles et imaginaires, empreintes de finesse ou de robustesse, révélatrices de rondeurs ou d’arêtes, lisses ou rugueuses, élancées ou massives, les créations de Caroline Chopin sont le fruit de la réflexion et du questionnement d’une artiste qui recherche toujours à atteindre la profondeur des êtres ou des choses et qui les questionne.
Eva Olivier